Tai Chi Chuan

Logo de la Famille Yang

Préambule

Il est difficile d’écrire sur le Tai Chi Chuan, même une information, tant cet art est complexe voire insaisissable.
Souvent décrié comme une gymnastique matinale, il est à la fois art martial, art de santé, méditation en mouvement…, c’est ce qui rend son approche complexe où l’interaction Yin-Yang est permanente.
Un travail permanent selon 10 principes essentiel de la pratique ou l’observation globale est de mise.
Deux mots « unité et équilibre » caractérisent son essence singulière.

Vers les 10 principes essentiels

Introduction

La traduction littéraire du mot Tai Chi Chuan ; mandarin traditionnel : 太極拳 ; pinyin tàijí quán, est : « Poing ou Boxe du Faîte Suprême ».
Le Tai Chi Chuan est à la fois un art martial et un art de santé, d’origines chinoises qui réunit au travers d’une gestuelle d’autodéfense un entrainement physique et mental.
Aujourd’hui, il se pratique pour ses bénéfices sur la santé, le relâchement corporel, la gestion du stress, la coordination, etc …

La pratique régulière des mouvements lents et continus des formes à mains nues et par la suite avec armes du Tai Chi Chuan contribuent à développer des habiletés physiques, à harmoniser les flux énergétiques du corps ce qui est excellent pour la santé et l’équilibre global du corps avec comme objectif l’amélioration de la coordination corps-esprit (physique et spirituel).

Si l’intérêt du pratiquant est grandissant pour les applications martiales. Celui-ci  s’oriente alors naturellement vers des formes codifiées de combat, les « tui-shou », poussées de main, codifiées ou libres.

Bref historique

La plus grande partie de l’histoire des arts martiaux chinois n’a jamais été documentée et la transmission était faite par voie orale au sein des familles détenant le savoir-faire.
Beaucoup d’écrits historiques qui existaient ont été perdus durant les périodes de guerres ou ont été  tout simplement détruits.

Deux origines sur la création du Tai Chi Chuan.

La première est une histoire ou conte populaire largement acceptée.

Elle donne comme créateur le moine taoïste Zhang Sanfeng. Il aurait vécu au 14e siècle après JC autour de la dynastie des Yuan et des Ming. Il vivait au temple de Shaolin (province du Henan) puis alla au mont Wudang (province du Hubei). Suite à son observation d’un combat entre un serpent et une grue, il aurait créé le Tai-Chi Chuan .

La grue qui était toujours dure, le serpent cédait à chaque attaque. Il suivait et ne résistait pas. Ainsi ne perdit pas la vie contre la grue. Zhang Sanfeng comprit que la souplesse et l’attention gagne sur la raideur et la dispersion. Le dur était contrôlé par le doux.

L’existence historique de ce moine est remise en question par les historiens.

Statue de Zhang Sanfeng
La seconde hypothèse de création est plus crédible.

Suite à des écrits historiques du temps de Chen Wang-Ting, le Tai Chi Chuan aurait été créé par la famille Chen dans le village Chenjiagou dans la province du nord Henan en Chine.

Cette théorie désigne Chen Wangting comme créateur qui vécu sous la dynastie des Ming. Originaire de Chenjiagou dans la province de Henan, il serait né en 1600 et décédé en 1680. Le Livre de la famille Chen précise ainsi qu’il « fut le premier à apporter la boxe, le sabre, et la lance dans sa famille ».

Statue de Chen Wangting

Ces deux théories peuvent paraître contradictoires, cependant, nous pouvons très bien les intégrer ensemble si nous acceptons Zhang Sanfeng comme père fondateur légendaire et les archives officielles du Tai Chi Chuan qui mentionnent le clan Chen à l’origine de la pratique.

Dans tous les cas, le Tai-Chi Chuan est un art martial qui a acquis sa qualité spécifique à travers les différentes familles et celles-ci ont fait évoluer ses techniques vers le tai chi pratiqué de nos jours.

Comparaison sommaire des principaux styles de Tai Chi Chuan

Plusieurs styles de Tai Chi Chuan sont passés d’une génération à l’autre et chaque génération à enrichi son style.

Il existe 6 Styles majeurs de Tai Chi Chuan : Chen, Yang, Wu(Hao), Wu, Sun et He. Ils portent le nom de la famille créatrice du style. Chacun de ces styles comporte des caractéristiques qui le distinguent des autres. Bien que les principes généraux du Tai Chi Chuan soient les mêmes pour tous, (Structure corporelle, intégration corps-esprit, relâchement…), il existe des différences.

Le Style CHEN

Le Tai Chi Chuan de style Chen a été développé et gardé secret au sein de la famille Chen pendant plusieurs décennies. Le premier étranger connu à qui le Tai Chi Chuan fut enseigné a été Yang Lu-Chan (1799-1872)3 qui lui-même créa le style Yang. « La Famille Yang » développa le style au fil des générations.

Le style Chen combine lenteur, vitesse avec sortie explosive, sauts et des arrêts. La forme ancienne et le poing-canon, ont été créés à la  17ème génération.
Dans la pratique la posture est basse.

Le Style YANG

Yang Luchan apprit la forme ancienne de la  famille Chen de la 14ème génération. Les mouvements du style Yang sont lents, réguliers, doux, grands et larges La posture d’exécution de la gestuelle est de la hauteur de la personne.

Yang Chengfu (1883-1936) simplifia le style Yang et le popularisa dans le monde.
Le Tai Chi Chuan de style Yang est le style le plus pratiqué aujourd’hui, tel que l’a popularisé Yang Chengfu.

Yang Chengfu

Style WU-HAO

Le 1er style Wu vient des styles Yang et Chen. Il est lent, arrondi, petit et la posture est haute. Wu Yuxiang apprit de Yang Banhou, 2ème génération de la famille Yang, puis de Chen Qingping, 14ème génération. Le WU-HAO est une forme plus petite.

Style WU

Le 2ème style WU transmis par Wu Quanyu. Dans la pratique le corps se penche sur le côté mais lors de l’exécution le pratiquant pense droit. Wu apprit de Yang Banhou 2ème génération du style Yang

Style SUN

Créé par Sun Lutang. Les mouvements combinent trois styles, Wu, Xing I et Bagua.  

Style He

La création de ce dernier style date des années 2020.

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Introduction aux principes du Tai Chi Chuan

Cette introduction aux principes du Tai Chi Chuan n’est qu’un léger survol.

Il est bon de préciser dès le départ que le Tai Chi Chuan est un long cheminement « Corps-Esprit ».

Le Tai Chi est fondé sur le principe que la douceur défait la dureté. L’utilisation de la force musculaire brute est abandonnée pour exécuter l’ensemble des postures en utilisant au plus juste une force musculaire intrinsèque tout en se maintenant en éveil.
La clé est de relâcher toute tension des muscles, des tendons et des articulations.
La force de l’attaque est ainsi évitée, dissoute, déviée et redirigée.

Les dix principes essentiels de la pratique.

Yang ChengFu a énoncés ces 10 principes qui suivent. Ils sont des guides pour bien progresser dans la pratique et ne pas les appliquer entraîne des défauts difficiles à corriger.

1 Tête suspendue, pousser l’énergie en son sommet.

Amener l’énergie au sommet de la tête consiste à la tenir bien droite comme suspendue à un fil au plafond  et à concentrer son esprit son intention, au sommet.
Ne pas contracter ou rigidifier le cou.
La nuque reste relâchée de façon naturelle mais garde sa tonicité.

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2 Rentrer la poitrine et étirer le dos.

L’énoncé signifie que la poitrine est légèrement concave. En rentrant la poitrine, le dos s’étire vers le haut, la respiration descends plus facilement à l’abdomen. La force est alors émise à partir de l’axe vertical.

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3 Relâcher la taille et les « Kua » (Zone des hanches)

La taille gouverne le corps en entier Le relâchement de la taille entraîne une bonne stabilité du bas du corps.
Une taille détendue permet aux deux pieds d’établir une base solide et l’alternance du vide et du plein dépend entièrement de la rotation de la taille.
Relâcher les « kua » est l’action de relâcher le bassin en dirigeant le coccyx en direction des talons.

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4 Distinguer le vide et le plein.

Une règle importante dans l’art du Tai Chi Chuan est de pouvoir bien distinguer le « vide et le plein ».
On considère une jambe « vide » lorsqu’il n’y a plus de poids du corps sur celle-ci.
On considère une jambe « pleine » lorsque tous le poids du corps est sur cette jambe.
En respectant ce principe, les mouvements s’effectueront avec légèreté et agilité. Dans le cas contraire, les déplacements, les rotations, resteront lourds et inadéquats, avec un manque de stabilité.

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5 RElACHER les épaules et abaisser les coudes.

Relâcher les épaules consiste à détendre les épaules et les laisser descendre naturellement vers le bas.
Élever les épaules fait monter le Qi (souffle, énergie) vers le haut du corps.
Abaisser les coudes signifie que les coudes se dirigent et pointent vers le bas. Si les coudes pointent vers le haut, alors les épaules ne peuvent êtres calées.
Tirer les coudes vers le bas ne veut pas dire « coller » les coudes au corps.

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6 Utiliser l’intention au lieu de la force.

Lorsque vous pratiquez le Tai Chi Chuan, permettez à votre corps tout entier de se détendre pour ainsi ouvrir les articulations. N’utilisez aucune force brute ne serait-ce même que la plus infime quantité de celle-ci, ce qui aurait comme résultat un blocage au niveau musculo-squelettique ou circulatoire qui vous restreindra dans votre gestuelle
Utiliser l’intention au lieu de la force physique, permet au Qi de circuler. « Là où va l’intention va le Qi ».
Les souffles circulent librement sans blocage au niveau des méridiens.
La pratique du taiji demande un relâchement total du corps et les mouvements doivent être amples. De cette façon le sang et le Qi circulent sans entrave et en continu.

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7 Synchroniser le haut et le bas du corps.

Le Traité de Taiji quan dit : « L’énergie prend racine dans les pieds, les jambes la transmette , la taille gouverne celle-ci et elle se manifeste jusque dans les doigts. Des pieds aux mains en passant par la taille, il faut une unité parfaite, réalisée en un seul souffle ».
Quand une main bouge, la taille, les jambes et les pieds bougent également. L’esprit et le regard accompagne le mouvement. Alors seulement on peut dire que le haut et le bas du corps sont synchronisés. La coordination de tous les mouvements des parties supérieures et inférieures du corps, ne peut avoir lieu que si la taille est relâchée.
Ayez un bon ancrage, émettez par les jambes, contrôlez par la taille, tout le mouvement doit être fait d’une même impulsion.

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8 Harmoniser l’intérieur et l’extérieur.

La pratique du Tai Chi Chuan dépend de l’esprit (ou de la conscience), d’où la citation : « L’esprit est le général, le corps constitue ses troupes. ».
En élevant la conscience, l’intention guide et anime le corps tout entier. Les gestes s’effectuent alors naturellement avec légèreté, souplesse et agilités. (Eviter la tentation d’accélérer).
L’enchaînement suit les principes du vide et du plein, d’ouverture et de fermeture. Dans l’ouverture et de la fermeture il ne s’agit pas seulement de la gestuelle du corps il faut y associer le cœur et l’intention mentale (ou conscience active).

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9 Exécuter les mouvements en continu.

Du début à la fin de la pratique, les gestes s’enchaînent sans interruption comme un cycle de mouvements circulaires doux et sans fin.
Le Traité originel dit « comme les eaux d’un grand fleuve ou de la mer qui se meuvent continuellement sans fin », ou, « on fait mouvoir l’énergie comme on dévide un cocon de soie ».
Ces images nous suggèrent qu’un souffle unique relie chaque geste l’un par rapport à l’autre.

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10 Rechercher la quiétude (tranquillité) dans le mouvement.

Demeurer paisible pendant l’exécution du mouvement.
Dans l’exécution, la tranquillité dirige le mouvement.
Bien que le corps bouge, la tranquillité n’est pas perturbée ; à l’inverse des arts externes ou l’on s’essouffle avec la pratique.
En Tai Chi chuan, on utilise la quiétude pour vaincre le mouvement, et même dans le mouvement, on retrouve la quiétude.
La lenteur permet d’approfondir, d’allonger la respiration, ainsi le souffle peut descendre au Dan-tian.

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Références

– Taijiquan . Classical Yang Style; Dr. Yang, Jwing-Ming.
– The Dao of Taijiquan; Jou, Tsung-Hwa.
– The Power of Internal Martial Arts; B.K. Frantzis.
– The Complete Guide to Kung Fu Fighting Styles; Jane Hallander.
– The Essence of T’ai Chi Ch’uan; Lo, Inn, Amacker & Foe.
– Le TaijiQuan de Jean Gortais
www.yangfamilytaichi.com/info/essays.htm